PHILIPPE DE CHAMPAIGNE - EXPO MUSEE DES BEAUX ARTS DE LILLE
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Entre politique et dévotion
27 avril - 15 août 2007
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Exposition
organisée par la Ville de Lille/Palais des Beaux-Arts et le Musée d’art
et d’histoire de Genève, en collaboration avec la Réunion des musées
nationaux.
L’exposition Philippe de Champaigne est reconnue
d’intérêt national par le Ministère de la Culture et de la
Communication/Direction des Musées de France et bénéficie à ce titre
d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.
Elle bénéficie également de la garantie de l’Etat pour l’assurance des œuvres présentées.
Elle a reçu le concours de la Préfecture de région Nord Pas-de-Calais,
du Conseil régional Nord Pas-de-Calais et de Lille Métropole Communauté
urbaine.
Elle est réalisée avec le mécénat de France Télécom et du Crédit du Nord.
Philippe
de Champaigne reste encore aujourd’hui un peintre méconnu et mal connu,
qui soulève les interrogations et les polémiques. Artiste flamand ou
français ? Fervent catholique ou adepte du Jansénisme ?
Depuis le XVIIe
siècle, ses portraits, qui sont davantage connus que le peintre
lui-même, font partie intégrante de la culture collective. En 1952, une
exposition lui est consacrée à l’Orangerie des Tuileries, suivie d’une
autre à Gand. Vingt ans plus tard, Bernard Dorival publie un catalogue
raisonné. Depuis aucune monographie, aucun travail scientifique n’est
venu réactualiser la connaissance de l’artiste. Les étapes lilloise et
genevoise de la présente manifestation, en collaboration avec la
Réunion des musées nationaux, se proposent d’y remédier.
Né
en 1602 à Bruxelles, la carrière du peintre commence véritablement à
Paris où il s’installe dès l’âge de 19 ans. Aussi habile dans l’art du
portrait que dans celui du paysage, dans la peinture religieuse comme
dans l’élaboration d’ensembles décoratifs, il travaille pour la Régente
Marie de Médicis, Louis XIII, Mazarin, ou Colbert. Peintre de la ville,
il trouve des clients parmi les gens de Robe (Portrait d’Omer II Talon, 1649, National Gallery of Art, Washington ; Portrait du Premier Président au Parlement de Paris, Pomponne de Bellièvre, vers 1651-53, Musée Granet, Aix-en-Provence) et les gens d’Eglise.
Si ses contemporains ont parfois mal apprécié le réalisme flamand de
ses paysages, son art s’impose comme l’expression la plus aboutie du
classicisme français, mais ne se résume pas à cela : il
offre une véritable singularité au carrefour de styles, d’écoles et de
visions philosophiques entre le classicisme, le centralisme français et
le baroque de l’Europe du Nord.
Refusant
tout expressionnisme et toute dramatisation, sa peinture apparaît
sévère et sérieuse, au service de la réflexion et de l’intériorité. Le
sujet y importe davantage que la manière ; le dépouillement esthétique
est au service de la densité narrative. Champaigne est un peintre
intellectuel, et non un intuitif. S’il vise au perfectionnement de son
art, il nourrit également un projet plus politique et spirituel :
exprimer l’unité de la dévotion et du pouvoir dans une fusion qui
transcende les contingences politiques, sociales et religieuses.
L’exposition se déroule en 5 sections chronologiques retraçant l’itinéraire spirituel et artistique du peintre. Marie de Médicis : racines flamandes et inspirations du Carmel (1628-1635)
relate les débuts parisiens de Champaigne ; devenu peintre officiel de
la reine mère, il dessine une histoire au présent et magnifie la
dévotion à travers des œuvres telles que Jésus et la Cananéenne (1630, église du Val de Grâce) et L’Annonciation
(1631, musée des Beaux-Arts de Caen). Puis le parcours aborde la
question de ses rapports avec Louis XIII et le cardinal de Richelieu,
dont il ne réalise pas moins de onze portraits, qui l’amènent à
collaborer au système de double représentation du pouvoir spirituel et
temporel, dans le projet de participer à la construction d’une identité française (1635-1645). Le Vœu de Louis XIII
(1638, musée des Beaux-Arts de Caen) en est l’emblème absolu.
L’exposition se penche ensuite sur les liens qui unissent Champaigne et
le Jansénisme dans les Dialogues avec Port-Royal : une pensée picturale (1646-1662). Le lieu commun le désigne comme l’illustrateur des jansénistes, notamment avec le célèbre Mère Agnès Arnauld et sœur Catherine de Sainte-Suzanne Champaigne, fille de l’artiste, dit L’Ex-voto de 1662 (musée
du Louvre). Il ne s’agit pas ici de nier son engagement ni la réalité
de sa peinture à leur service, mais de comprendre et nuancer ce qui est
parfois passé pour de l’exclusivité. Car Champaigne fut également le
peintre d’autres congrégations religieuses, notamment des Chartreux
avec lesquels il partage l’expérience de la méditation solitaire dans
le paysage, et qui sont évoqués dans la quatrième section Anne d’Autriche : la retraite du Val de Grâce et l’inspiration Chartreuse (1646-1660). Cette dernière met en évidence la spiritualité de l’œuvre de Champaigne, par exemple dans la Visitation
peinte pour la chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon, où l’abandon des
détails symboliques, qui alourdissent l’expression, participe à la
manifestation de la grâce et de l’humilité.
Enfin la dernière partie est consacrée à l’action de Champaigne au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture (il contribue à sa fondation en 1648), dans la recherche d’une esthétique spirituelle (1648-1674).
L’artiste défend l’identité de la peinture religieuse, qui unit la
nature et la grâce. Il recherche la certitude dans l’interprétation des
textes sacrés, à travers des œuvres telles que le Saint Philippe (1648 - morceau de réception à l'Académie, musée du Louvre) ou La Remise des clefs à saint Pierre (1658, musée de Soissons) : l’important réside dans la matière de l’histoire, et non dans la manière du peintre.
En 1680, quelques années après sa disparition, la mise en place de normes pour faire fonctionner la spiritualité de la peinture est achevée et laisse dans l’isolement l’œuvre de Champaigne, comme son idéal esthétique. Aujourd’hui, pourtant, de nombreux artistes s’en inspirent, notamment à travers l’utilisation du Bleu, comme couleur absolue, et la maîtrise du Pli. L’exposition évoque cette influence dans une section annexe présentée en partenariat avec le L.A.A.C (lieu d’art et d’actions contemporaines) de Dunkerque, le musée des Beaux-Arts de Dunkerque, le musée des Beaux-Arts de Tourcoing, et le FRAC Nord-Pas-de-Calais. Elle propose de mettre en parallèle des œuvres d’Yves Klein, Anish Kapoor ou encore de la polonaise Kassia Knap, avec celles de Champaigne, dont l’intensité et l’intelligence demeurent profondément pénétrantes. Le Palais des Beaux-Arts de Lille propose ainsi une manifestation originale, avec une scénographie moderne et des artistes contemporains, pour parler au présent de l’art de ce grand peintre du XVIIe siècle.
Palais des Beaux-Arts de Lille
Place de la République
59000 Lille
Informations : 0800 03 2007 (n°vert)
L’exposition sera présentée dans une version légèrement différente au Musée d’art et d’histoire de Genève,
du 20 septembre 2007 au 13 janvier 2008.