MAURICE DENIS, MUSEE D'ORSAY
Maurice Denis
31 octobre 2006 - 21 janvier 2007
Maurice Denis |
Cette
exposition est coproduite par le musée d'Orsay, la Réunion des musées
nationaux, le Musée des beaux-arts de Montréal et le museo di Arte
Moderna e Contemporanea di Trento Rovereto.
Partenaires media : RATP, Paris Première, FIP.
Pour la première fois depuis la rétrospective organisée en 1970 à l’Orangerie, et plus de dix ans après celle qui s’était tenue en 1994 à Lyon, Cologne, Liverpool, Amsterdam, Maurice Denis bénéficie d’une importante exposition monographique au musée d’Orsay.
Maurice Denis (1870-1943), le « nabi aux belles icônes », est célébré aux côtés de Vuillard et de Bonnard comme l’un des plus importants peintres nabis, l’un des initiateurs du mouvement et son brillant théoricien. Une poignée d'œuvres radicales et spectaculaires, comme Taches de soleil sur la terrasse du musée d'Orsay, lui sont associées au point d'avoir occulté la richesse même de sa période nabie et symboliste (1889-1898), la fécondité du renouveau classique des années 1900, contribuent au discrédit jeté sur une œuvre conduite après 1914 en marge des avant-gardes. Car Denis n’a cessé de peindre jusqu’à sa mort et fut dans l’entre-deux-guerres l’un des artistes les plus sollicités pour le décor des édifices civils et religieux.
Redonner à Denis toute sa place, l'une des toutes premières, et renouveler profondément le regard porté sur son œuvre, en renouant les fils entre les débuts de sa carrière et son développement de sa carrière, entre les petits formats nabis et les grands cycles décoratifs : tel est l'enjeu de cette exposition. A côté des chefs-d'œuvre de l'artiste, de nombreuses œuvres inédites ou jamais exposées en France depuis plus de cent ans révèlent des aspects moins connus de sa production, comme son travail de paysagiste, ou la reconstitution à titre exceptionnel de trois de ses plus importants ensembles décoratifs.
Le parcours, essentiellement
chronologique, rassemble une centaine de tableaux peints entre 1889 et
1943. Les premières salles retracent les débuts nabis dominés par le
refus du réalisme et du symbolisme littéraire, l’inclination mystique
et religieuse, la sensualité trouvant à s’incarner dans la figure de
Marthe Meurier, la fiancée, puis l’épouse, véritable muse du peintre.
La jeune femme offre ses traits aux jeunes filles progressant sur des
chemins de vie hautement stylisés et formant de solennelles
processions. Ces tableaux aboutis, recueillis et médités, ont pour
acquéreurs des musiciens, artistes et collectionneurs de l’avant-garde
symboliste, tels Ernest Chausson, le peintre Henry Lerolle ou encore le
financier Alfred Stoclet, dont le nom reste attaché à la mosaïque de
Klimt pour son hôtel particulier bruxellois conçu par Josef Hoffmann.
Dès le début des années 1890, les nabis, selon le témoignage de
Verkade, réclament « des murs des murs à décorer ». Denis peint des
plafonds et des panneaux, comme Avril (plafond pour Chausson) ou Le Printemps et L’Automne (Imitation de tapisserie). Denis a abondamment raconté les origines du mouvement nabi, né de la révélation créée par Le Talisman
(Paris, musée d’Orsay, ancienne collection Maurice Denis), petit
paysage au titre emblématique peint par Sérusier sous la dictée de
Gauguin. Avec Puvis de Chavanne, Fra Angelico et les ingristes, c’est
une figure tutélaire pour le jeune Denis. Comme ses amis nabis,
celui-ci multiplie alors les tableaux de petits formats où chacun
rivalise d’audace dans l’application de l’esthétique nouvelle : aplats
de couleurs éclatantes, simplification radicale des formes, abandon de
la perspective, japonisme et cloisonnisme. Une salle regroupe une
quinzaine de ces « icônes nabies » peintes par Denis dans les années
1890. Elles révèlent une fraîcheur et une liberté d’exécution rares.
Certaines d’entre elles sont inédites.
Les compositions symbolistes
et les décors du peintre bénéficient de ces recherches, qu’il met au
service d’un art de plus en plus monumental et raisonné. Le voyage à
Rome effectué en 1898 avec André Gide confirme la voie d’un renouveau
classique qui se nourrit de l’art de Raphaël et de Cézanne. Rigueur de
la composition, restriction de la palette, importance du dessin : les
manifestes comme L’Hommage à Cézanne (musée d’Orsay), les grands panneaux décoratifs, tels Le Jeu de volant (ibid.) ou Virginal Printemps (coll.
Part.) - tableau majeur jamais exposé dans un musée français depuis
1945- mais aussi les scènes familiales inspirées du bonheur avec
Marthe, sont autant de jalons essentiels pour Denis et l’art du début
du XXe siècle.
Denis est alors un peintre
reconnu, estimé et recherché. Il a pour marchands Vollard, Druet ou
Bernheim, et pour amateurs Ivan Morosov et son rival Serguei
Chtchoukine, tous deux éminents collectionneurs russes de Matisse et de
Picasso.
Le tournant classique se précise à travers d’éblouissants
tableaux de plages dont l’atmosphère est proche des photographies qu’il
prend au même moment. Une salle de l’exposition est réservée à cette
série qui s’ouvre avec la première œuvre peinte à Perros-Guirec en
1898, Baigneuses, Perros,
actuellement conservée au MOMA de New York. Les plages de Denis se
veulent aussi une réponse critique à Matisse. Car Denis cherche à
définir un art collectif qui tiendrait l’équilibre la sensualité et
l’ordre, entre l’impératif du sujet, le sens de la nature et
l’imagination décorative. Il s’y efforce dans ses peintures de chevalet
comme dans ses œuvres murales. A la fin du parcours chronologique, une
salle regroupe des paysages, peints entre 1898 et 1943. Ils achèvent de
montrer comment le goût de la simplification et de la synthèse
transfigure la restitution de la nature : sera présenté pour la
première fois l’un de ses derniers tableaux, une Vue du Reposoir (coll. part.) exécutée dans un pur esprit nabi quelques semaines avant sa mort.
Les dernières salles du parcours mettent en scène trois cycles décoratifs. Le premier, L’Amour et la vie d’une femme (musée départemental Maurice Denis et coll. part.), dérivé d’un décor pour le grand marchand de l’Art Nouveau, Siegfried Bing, a été peint à partir de 1896 par l’artiste pour son domicile et a été modifié au gré des déménagements et des réinstallations successives jusqu’en 1922. Denis y déroule magnifiquement le récit de la vie d’une femme, des fiançailles à la consécration de la maternité, rythmé par des mystérieuses vues d’un jardin édénique. Lui succède la reconstitution de La Légende de Saint-Hubert (musée départemental Maurice Denis), exécutée en 1897 pour le baron Denys Cochin : cette chasse symbolique marque un tournant dans l’œuvre du peintre qui est confronté pour la première fois à de si vastes formats. La réussite de ce projet lui attire l’admiration d’Ivan Morosov qui lui passe ainsi commande d’un des plus spectaculaires ensembles décoratifs privés de Maurice Denis : le cycle de Psyché. Présenté pour partie en 1908 et en 1909 à Paris avant d’être installé à Moscou, l’ensemble n’avait plus été revu en France depuis. Pour ce décor, Denis avait sollicité Maillol dont il est alors très proche : quatre bronzes comparables aux sculptures initiales accompagnent la présentation exceptionnelle des panneaux de Denis, conservés au musée national de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.
Avec la participation de l'artiste Alex Katz dont quatre œuvres (une huile sur toile et trois collages) sont présentées dans l'exposition.
Musée d'Orsay
62, rue de Lille
75007 Paris
Tél. : 01 40 49 48 00